Non à l’abandon – Les conséquences de l’abandon pour le chien

Introduction

Le nombre d'abandons s'élève à environ 100 000 par an, dont la majorité a lieu pendant l’été (environ 60 000). Les adoptions en refuge ou auprès des associations ne sont hélas pas proportionnelles au nombre de chiens abandonnés.

L’abandon est considéré par la loi comme un acte de cruauté (article 521-1 du code pénal). Il est assimilé à une maltraitance et puni de 2 ans d’emprisonnement assortis d'une amende de 30 000 €. Suite à un abandon, le Tribunal peut également prononcer une peine complémentaire, c’est-à-dire l’interdiction de détention d’un animal.

Nous ne traiterons pas ici des causes de l'abandon, qui sont multiples. L’absence d'un dressage minimum, la méconnaissance des codes de communication avec les chiens et le non-respect de leurs besoins fondamentaux (lire notre article sur l'importance de la promenade quotidienne) déséquilibrent l’animal et, par ricochet, sa relation avec les humains…

Bref, accueillir un chien au sein de son foyer est une responsabilité à prendre sur de nombreuses années (10 à 15 ans). Il est donc important de connaître les joies et les contraintes qu'engendre cette relation avant de s'engager.

Car, une fois abandonné par son maître, le chien va voir sa vie totalement bouleversée. Il perd ses repères et doit s’adapter à un nouvel environnement. L’acte d’abandon a de nombreuses conséquences pour lui, le précipitant dans un parcours chaotique - fourrière, refuges, adoption dans le meilleur des cas, euthanasie dans le pire... - et jamais anodin.

La fourrière

Selon les articles R.211-11 et R.211-12 du code rural, tous les chiens et les chats trouvés sur la voie publique doivent être conduits à la fourrière. Si l’animal est identifié, la fourrière essaie de contacter son propriétaire, dont le numéro de téléphone figure dans le fichier d’identification. Et si cela n’est pas concluant, elle envoie un courrier au maître, qui a 8 jours pour se manifester.

Les animaux ne peuvent être sortis de la fourrière que par leurs propriétaires ou, à défaut, par des associations reconnues. Si les maîtres ne se manifestent pas et qu’aucune association n’est en capacité de recueillir les animaux, alors les fourrières sont chargées de les euthanasier - de même s’ils sont considérés comme dangereux.

Les refuges

Si les propriétaires ne se manifestent pas à la fourrière, les chiens peuvent être récupérés par une association de protection animale et accueillis au sein d’un refuge.

Mais, malgré la meilleure volonté qui anime leur personnel dévoué, les conditions de vie au refuge sont rarement enviables pour les animaux : les associations ne disposent pas de gros moyens financiers, ni de beaucoup de place.

Ensuite, les chiens ne sont pas égaux face à l'adoption : tous n'auront pas les mêmes chances de “plaire”. Celles-ci dépendent en effet de son âge, de son état physique, de son caractère et de sa race. Et, dans certains refuges, le manque de place mène parfois à l’euthanasie - dans le but de libérer de l'espace en urgence pour sauver d’autres animaux d'une mort certaine à la fourrière et qui auraient plus de chance d’être adoptés...

Traumatisme & résilience

Comme l’explique très bien Boris Cyrulnik (la référence de son ouvrage est renseignée à la fin de l’article), l’expérience de l’abandon est traumatisante pour le chien. Car celui-ci possède le même « équipement matériel » que les humains pour traiter la souffrance. L’éthologie a montré que les chiens ont conscience de leur environnement et que, selon leur développement, ils peuvent modifier leur représentation de la souffrance, tout comme les êtres humains. C’est pourquoi nous pouvons dire, en accord avec Boris Cyrulnik, que les animaux, eux aussi, souffrent de stress et de confusion mentale après un choc émotif, tel que la perte d’un être d’attachement.

Le chien est marqué par son abandon. Il perd ses repères, ses habitudes, les personnes auxquelles il était attaché. Il gardera toute sa vie des séquelles plus ou moins importantes de cette expérience traumatisante et celle-ci aura des conséquences sur son comportement.

Les chiens qui ont été abandonnés souffrent souvent d’« anxiété de séparation » : ils risquent de vivre, lorsqu'ils seront laissés seuls, même peu de temps, chaque séparation comme un nouvel abandon. Or ces angoisses peuvent parfois conduire à des comportements destructeurs, voire dangereux pour eux-mêmes.

Heureusement, les chiens sont également dotés de capacités d'adaptation exceptionnelles, qui leur permettent d'évacuer ce triste passé. Avec le temps, ces peurs s’atténueront et ils composeront avec leur passé. Nous connaissons tous, dans notre entourage, des personnes qui ont vécu des expériences d’adoption magnifiques. Si c'est votre cas, n’hésitez pas à partager votre histoire dans les commentaires !

Conclusion

L’abandon est source de beaucoup de souffrance pour un chien. Celui-ci perd ses repères et ses êtres d’attachement du jour au lendemain. Les animaux abandonnés, s’ils survivent à l’errance, puis à la fourrière et au refuge, gardent des séquelles toute leur vie du traumatisme que constitue pour eux l’abandon. Ils souffrent notamment d’angoisse, ayant toujours peur de revivre cette mauvaise expérience.

Le rôle de l'application MyDogSociety

C’est pourquoi il nous faut sensibiliser le plus de personnes possible contre cet acte irresponsable - qui traumatise, fait souffrir, voire condamne à mort les animaux ! - comme il nous faut encourager chacun à venir découvrir, dans les refuges, les chiens mis à l'adoption : ceux-ci n’attendent qu’une seconde vie de bonheur, aux côtés d’un nouveau maître, responsable.

L’application MyDogSociety a été créée pour cela : aider les propriétaires de chiens à bien vivre avec eux - en les promenant, en leur faisant rencontrer d’autres chiens, en échangeant autour de cette formidable aventure humaine et animale… Que jamais l’idée d’abandon ne les effleure.

Pour approfondir le sujet

- Jérôme MICHALON, Fabriquer l'animal de compagnie. Ethnographie d'un refuge SPA, Sociologie [en ligne], 2013/2 (Vol. 4), p.163-181.

- Boris CYRULNIK, Elisabeth DE FONTENAY, Peter SINGER, Les animaux aussi ont des droits (Entretiens réalisés par K. L. Matignon, avec la collaboration de D. Rosane), Éditions du Seuil, 2013.

- Jean-Luc GUICHET, La douleur de l’animal et sa perception humaine, Sens-Dessous, 2015/2 (n°16), p59-68.

"La France championne du monde des abandons d'animaux : le palmarès de la honte"

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